Dans Vide silencieux - Écho du Nord, Maryam Izadifard transforme l'espace intérieur en lieu de résistance et de mémoire. Ses peintures, réalisées à la suite d'une résidence de quatre mois en Finlande, soutenue par le Conseil des arts et des lettres du Québec, sont empreintes de la lumière du Nord et de ses longs silences, tout en évoquant l'exil, la migration et les résonances persistantes d'un ailleurs.
Cette série d'œuvres s'enracine dans une recherche sur l'histoire de l'art d'Europe du Nord, et plus particulièrement celle de la Finlande, ainsi que dans la découverte de l'exposition Le gothique moderne au Musée national des beaux-arts d'Helsinki. Ces références ont profondément nourri la genèse de cette collection, où la lumière, le silence et la mémoire se conjuguent dans une même respiration.
Dans un monde traversé par la vitesse des événements et leur évanescence, Izadifard tourne son regard vers l'histoire : vers la présence et la place des femmes qui l'habitent, et vers l'influence de la religion dans la redéfinition de leurs rôles. Les femmes artistes du Nord, par leur regard intérieur et leur quête d'émancipation, ont ouvert des brèches dans les structures établies, redessinant les contours d'un langage pictural autre, sensible et insurgé.
Les œuvres d'Izadifard s'inspirent du langage des icônes pour interroger ce qui est vénéré et ce qui est réduit au silence. En intégrant des images rappelant l'art dévotionnel orthodoxe et des références subtiles à l'oppression des femmes, elle réinvestit le domaine domestique comme espace à la fois de confinement et de résistance. Dans ces intérieurs épurés - table à repasser, porte-manteau, étagère ou lavabo -, les symboles du soin et du travail se mêlent à des allusions à l'iconographie sacrée. Ces lieux deviennent des sanctuaires intimes où se rencontrent le spirituel et le quotidien, révélant la persistance du rituel dans le déplacement.
Peints dans des tonalités feutrées et une lumière diffuse, ces espaces contiennent des fragments de protection : autels dissimulés, reliques modestes, prières murmurées. Chaque toile suggère un lieu de refuge, un endroit où la mémoire se dépose et où la protection s'improvise. Les objets deviennent témoins : un fer diffuse à la fois chaleur et silence, un fil relie deux mondes, un robinet reflète une icône lointaine.Ces métaphores prolongent l'idée d'enracinement au-delà de la géographie, dans la persistance du geste, la continuité de la dévotion et la transmission silencieuse de la culture en exil. Dans son équilibre entre absence et présence, Izadifard révèle comment le corps déplacé trouve un ancrage dans de petits actes de foi et de soin.
Vide silencieux - Écho du Nord invite le spectateur à une rencontre introspective où le silence n'est pas vide, mais résonance. Ce silence porte le poids de ce qui a été enduré et de ce qui continue à l'être. Par un langage visuel à la fois retenu et profondément évocateur, Izadifard transforme la solitude en témoignage. Son œuvre devient une méditation sur la manière dont, même en exil, les racines s'adaptent, trouvant un nouveau sol dans la mémoire, la tendresse et la force inavouée des mondes féminins.